Ô capitaine, mon capitaine!
- David
- 5 déc. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 déc. 2024
Le cerveau est le centre de commande de notre organisme. La nature l'a d'ailleurs doté d'une sorte de cuirasse puisqu'il est logé à l'intérieur de la cavité crânienne, première enveloppe osseuse protectrice. Accolée à l'os crânien, se trouve la dure-mère une membrane fibreuse résistante qui se prolonge dans la colonne vertébral jusqu'au coccyx pour entourer la moelle épinière et la protéger également. C'est la première couche des méninges, suivie de l'arachnoïde et de la pie-mère. Les méninges contiennent le liquide céphalo-rachidien (entre la pie-mère et l'arachnoïde) qui amortit les chocs et assure une fonction de soutien à l'intérieur de la boîte crânienne. La pie-mère, qui est la couche la plus interne, est en contact avec le cerveau.
Ainsi lorsque l'on a une méningite, donc une inflammation des méninges, c'est cette triple couche qui est affectée. L'agression est soit d'origine virale, soit bactérienne.
Vu qu'il est primordial que le capitaine (dérivé du latin « caput » qui signifie « tête ») de notre vaisseau-corps soit absolument à l'abri de toute agression extérieure, il est également doté d'un rempart que l'on appelle la barrière hémato-encéphalique qui isole le cerveau de la circulation sanguine. Cette barrière est constituée des cellules des capillaires sanguins, et de cellules cérébrales tels que les astrocytes (« cellules -cytes- en forme d'étoile -astro-»), agrippés aux capillaires.
Donc, le passage des nutriments se fait par le biais de transporteurs sélectifs situés dans la membrane des capillaires. Ces nutriments sont transmis aux astrocytes qui sont les cellules nourricières des neurones (alors que partout ailleurs dans l'organisme, les tissus sont alimentés directement par les vaisseaux sanguins). On dit qu'elles ont un rôle trophique (dérivé du grec « trophê » qui signifie « nourriture, croissance »).
Or, de nos jours, cette barrière hémato-encéphalique, imperméable mais pas invulnérable, est soumise à l'assaut permanent de substances nocives liées à une alimentation à base de produits ultra transformés fabriqués par l'industrie agroalimentaire, à la malbouffe, aux pesticides retrouvés dans les fruits et les légumes, aux antibiotiques, aux substances toxiques présentes dans l'air que nous respirons ou même dans l'eau que nous buvons. La sédentarité contribue également à l'accumulation de toxines. En effet, pratiquer une activité physique régulière permet d'en éliminer une partie. Malgré cette imperméabilité, donc, les assaillants arrivent à s'infiltrer et à causer des dommages.
Le cerveau, une fois exposé aux agresseurs, tente de se défendre en produisant, comme dans le cas de la maladie d'Alzheimer par exemple, la beta-amyloïde, une protéine qui va progressivement affecter les connexions synaptiques par lesquelles l'information circule. La protéine Tau, une protéine de structure utile en temps normal, va se transformer en des formes anormales qui vont également contribuer à la dégénérescence neuronale. C'est ainsi qu'un déclin cognitif sournois s'installe progressivement. Sournois parce que pendant plusieurs années, le sujet est asymptomatique, jusqu'à ce qu'au bout de 10, 20 ou 30 ans les premiers signes apparaissent. Alzheimer est un exemple, mais c'est valable pour tout autre pathologie dégénérative en lien avec le cerveau.
La santé de notre cerveau passe donc, entre autres, par l'éviction d'une alimentation nocive, par l'évitement, autant que faire se peut, d'une exposition permanente aux substances toxiques, et par le choix d'un mode de vie moins sédentaire, car nous sommes faits pour bouger.
Aujourd'hui, notre capitaine est en danger car il subit non seulement une agression chimique quotidienne, mais il est tenté par toutes les sirènes de la société de consommation et par toutes les sollicitations hédonistes favorisant la sédentarité, laissant ainsi le navire dériver, toutes voiles repliées, vers des récifs dangereux.

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